J’ai très longtemps hésité avant de publier ce billet. Par contre j’ai eu besoin très vite de l’écrire peut-être que de rédiger les mots qui vont suivre vont me permettre de les sortir de ma tête et aller mieux plus rapidement.
Je n’étais pas revenue sur le blog depuis bien longtemps. J’ai repris le travail déjà et ça m’occupe bien assez, et le reste de mon énergie je le voue à mes enfants et aux tâches de la maison.
C’est un secret pour personne ou presque, cela fait maintenant plusieurs mois (années ?) que je souhaiterais un autre enfant. Après les douloureux deuils successifs dans la famille cette envie était encore plus forte, peut-être pour conjurer le sort ?
Je m’étais dit pas de stress, pas de calculs, pas d’acharnement. Mais quand on souhaite quelquechose très fort forcément on se donne à fond alors passée la période des calculs de probabilités en tout genre ou de tests divers et variés rien ne venait. (pour la petite info technique, j’ai arrêté tout moyen de contraception en début d’année).
Je me disais que j’étais trop focalisée sur ce projet, qu’il fallait laisser les choses arriver toute seule, que ça finirait bien par arriver…).
Oui mais voilà après 5 mois à attendre j’étais persuadée au fond de moi que quelquechose clochait, que ça n’était pas normal.
J’ai alors pris rdv chez la gynéco qui m’a dit que tout était normal, qu’après 5 années sans cycle (stérilet aux hormones donc pas de règles) il fallait que le corps se remette en place et refonctionne comme avant. Avec quand même un traitement pour faire revenir mes cycles (traitement qu’elle renouvellera une seconde fois). Elle programme également une échographie pour s’assurer que tout est normal.
Arrive le jour de cette fameuse échographie. Je commence la consultation en lui disant que les 2 traitements successifs n’ont pas été efficaces. Apparemment ça arrive mais rien d’inquiétant selon elle.
Elle commence l’échographie et je vois à sa mine que quelquechose l’interpelle.
– «Madame, vous n’avez plus aucun follicule sur les ovaires, vous êtes ménopausée»
– Je me souviens avoir crié « mais je n’ai que 39 ans !!!! »
– « Je suis désolée mais il va falloir abandonner l’idée d’avoir un 5èmeenfant et je vais tout vous expliquer sur les suites de tout ça »
Sonnée, je peine à regagner la chaise et à retenir mes larmes.
S’enchaine tout une série de mots barbares tels des poignards qui s’enfoncent en plein cœur : prise de sang, ménopause précoce, traitement hormonal, ostéoporose, risque d’infarctus, cancer, dépression, fatigue, fractures du col du fémur, le reste je ne l’ai pas entendu, mes oreilles se sont bouchées, les larmes ont jailli…
Une prise de sang a confirmé par la suite ce diagnostic.
J’ai 39 ans et le corps d’une femme de 50 ans, je dois faire le deuil d’un 5èmeenfant, je fais partie du 1% des femmes à qui cela arrive, les premiers symptômes devraient apparaitre d’ici 3 à 6 mois (bouffées de chaleur, prise de poids, fatigue, déficit en calcium etc.).
Ça fait beaucoup à encaisser en quelques jours. Je vous épargne la tentative désastreuse de la gynéco sensée me remonter le moral : « je vous annonce tout ça brutalement et sans scrupules car je sais que vous avez déjà 4 enfants ».
Je vais devoir faire face à la réplique systématique des gens à qui je l’annonce, oui je sais j’ai déjà 4 enfants en bonne santé mais quand on désire plus que tout un enfant peu importe que ce soit le premier, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème…
Je vais devoir surmonter l’idée que j’ai de moi désormais, une femme qui n’en est plus vraiment une, qui n’a pas de chance (mais 1% des femmes bordel !!!).
J’ai bien sur regardé sur internet, les causes de la ménopause précoce sont : hérédité, surpoids, celles qui ont eu un traitement par radiothérapie ou chimio, dans mon cas c’est une maladie auto-immune passée inaperçue, qui a fabriqué des anti-corps et a détruit mes ovaires et mes follicules.
Selon la gyneco, j’ai bien fait de faire mes enfants tôt et jeune car si j’avais attendu je n’en aurais peut-être pas.
Je ne connais personne dans la même situation que la mienne mais si j’ai un conseil à donner à quelqu’un c’est que si vous avez envie d’un enfant, allez-y ne réfléchissez pas plus que la normale et consultez même si votre gyneco ou votre entourage vous répète de laisser faire dame nature.
